La majorité des restaurants prêts pour la réouverture, même à 50 %, mais...

14 mai 2020

Un sondage réalisé par l’Association Restauration Québec (ARQ) auprès de 1 217 gestionnaires de la restauration du Québec, entre les 6 et 11 mai derniers, démontre que l’industrie est impatiente d’accueillir de nouveau la clientèle en salle à manger. En effet, 72 % des répondants mentionnent qu’ils souhaitent rouvrir, même s’ils devaient réduire de 50 % la capacité réelle de leur salle à manger et, à défaut de pouvoir le faire, plus de 60 % des exploitants jugent que leur établissement ne pourra survivre financièrement au-delà de 6 mois.

Inquiétude, viabilité


L’incertitude règne parmi les restaurateurs alors que 67 % se disent déjà très inquiets ou extrêmement inquiets quant à leur capacité à payer leur loyer, fournisseurs et employés, ne serait-ce qu’au cours des prochaines semaines. Ils estiment que c’est plutôt une capacité d’accueil à 75 % dans leur salle à manger qui rendrait la réouverture viable (39 %), ou encore, une capacité d’accueil à 60 %, dans 22 % des cas. Une fois ce seuil de capacité identifié pour un minimum de rentabilité, ils sont seulement 29 % à penser qu’ils tiendraient le coup entre six mois et un an, 22 % entre trois et six mois, et 14 % moins de 3 mois. À l’opposé, seuls 27 % des restaurateurs se disent capables de poursuivre leurs activités à ce rythme, passé le cap d’un an.

Pas le choix d’ouvrir et de s’adapter

C’est près de la moitié des répondants, soit 48 %, qui ont mis en place un service de livraison ou de mets à emporter durant la crise, leur permettant ainsi de garder un minimum de revenus. Par contre, ces ventes n’auront généré qu’au plus 30 % des revenus habituels pour 76 % des établissements demeurés ouverts. C’est moins de 15 % dans 53 % des cas. Au final, ils affirment, dans une grande proportion (67 %), avoir subi plus de 81 % de perte de revenus en avril 2020, par rapport au même mois l’an dernier. Un très faible nombre (4 %) n’aurait subi des pertes que de moins de 20 %. Afin de faire face à la situation actuelle, les restaurateurs comptent, à court ou moyen terme, apporter des changements à leur modèle d’affaires, soit en développant ou en augmentant l’offre de mets à emporter (56 %), en développant ou en consolidant les commandes en ligne (34 %) ou un service de livraison (31 %).

Programmes d’aide

Sans surprise, ils sont nombreux à avoir utilisé une ou plusieurs mesures d’aide offertes par les gouvernements provincial et fédéral. La plus populaire est sans contredit le Compte d’urgence pour les entreprises (prêt de 40 000 $), qui a été demandé par plus de 80 % des personnes sondées, suivi par la Prestation canadienne d’urgence (PCU), dans 46 % des cas. Quant à elle, l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) n’aurait été utilisée que par près de 15 % des restaurateurs au moment du sondage.

« Notre sondage démontre que les gestionnaires de la restauration du Québec sont résilients face à la situation et qu’ils seront prêts à ouvrir leur salle à manger de façon sécuritaire pour les travailleurs et la clientèle en respectant les normes exigées par la Santé publique quand ils auront le feu vert pour le faire », a commenté François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l’ARQ. « Par contre, comme les chiffres le démontrent, ils sont très inquiets et vivent une situation économique particulièrement difficile qui perdurera pour plusieurs mois encore. Dans les circonstances, il est nécessaire que les entreprises de restauration puissent avoir droit à de l’aide financière directe des gouvernements », a-t-il ajouté.

L’ARQ a d’ailleurs fait récemment 28 recommandations qui pourraient aider l’industrie à passer au travers cette crise. Pour les répondants au sondage la meilleure manière de les supporter actuellement serait de leur fournir de l’aide financière directe et non des prêts et, par conséquent, les mesures d’aide mises en place jusqu’à maintenant devraient être bonifiées ou améliorées et les conditions pour pouvoir en bénéficier assouplies.

Les employés seront-ils au rendez-vous?

Même si les restauratrices et restaurateurs du Québec sont impatients de redémarrer ou de poursuivre leurs activités, une épée de Damoclès plane au-dessus leur tête. En effet, seront-ils en mesure d’avoir le personnel répondant à leur besoin? Ils sont 63 % à craindre le refus des employés à retourner au travail, que ce soit en cuisine, au service ou à la plonge. Plus de la moitié des répondants (54 %) pointent du doigt la Prestation canadienne d’urgence (PCU), beaucoup plus payante pour les travailleurs du secteur qui occupent bien souvent un poste à temps partiel.

Portrait des répondants et méthodologie

Les répondants au sondage de l’ARQ sont à 63 % des restaurants indépendants, ils offrent majoritairement le service au comptoir et aux tables (49 %) ou, encore, seulement le service aux tables (42 %). Ils proviennent de toutes les régions du Québec et sont, à 50 %, fermés temporairement actuellement, ou bien ouverts partiellement pour le service de livraison ou de mets à emporter (43 %). Les répondants, au nombre de 1 217, proviennent principalement des régions de Montréal (16 %), de la Montérégie (13 %), de la Capitale-Nationale (12 %) et des Laurentides (9 %). L’enquête a été réalisée par Internet, du 6 au 11 mai 2020.

Faits saillants

- Les restaurateurs se disent très inquiets (37 %) ou extrêmement inquiets (30 %) quant à leur capacité de payer leurs dépenses (loyers, fournisseurs, employés, etc.) dans les prochaines semaines.

- Si les salles à manger n’ouvrent pas rapidement, ils sont 30 % à croire qu’ils pourront demeurer encore en affaires seulement entre un mois et trois mois, 30 % entre trois mois et six mois, 19 % entre six mois et un an.

- 72 % des répondants souhaitent rouvrir rapidement, même si la capacité permise en salle n’était que de 50 %.

- 39 % des répondants croient que c’est plutôt une capacité à 75 % qui permettrait d’être viable financièrement, 22 % avec une capacité à 60 %, et 26 % avec une capacité à 50 %.

- En lien avec leur choix précédant de capacité d’accueil pour être viable, les répondants se disent capables de tenir le coup entre six mois et un an (29 %), trois et six mois (22 %), un mois et trois mois (13 %), ou pendant un mois (1 %).

- Les mesures d’aide gouvernementales les plus utilisées, à ce jour, sont le Compte d’urgence pour les entreprises (prêt de 40 000 $) (81 %) suivi par la Prestation canadienne d’urgence (46 %). Parmi les moins utilisées, l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) (15 %).

- 48 % des répondants ont mis en place un service de livraison ou de mets à emporter pendant la crise.

- Dans 53 % des cas, les ventes de livraison ou de mets à emporter n’ont permis de couvrir que 15 % et moins des ventes habituelles.

- 67 % des répondants ont perdu plus de 81 % de leur chiffre d’affaires en avril, comparativement au même mois l’an dernier.

- Leurs plus grandes craintes lors de la réouverture est de savoir si les clients vont revenir (52 %) et la viabilité de leur entreprise (22 %).

- Ils sont 63 % à craindre le refus de rentrer des travailleurs. La raison principale de cette crainte (54 %), c’est que la PCU pour ces employés est plus payante, tout en restant à la maison.

- Le sondage présente aussi un palmarès des mesures d’aide attendues par les exploitants. Avoir de l’aide financière directe arrive en première position, suivi en deuxième position de connaitre le calendrier et les conditions touchant la réouverture des salles à manger. L’amélioration du programme d’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial arrive en 3e position.

Les résultats complets du sondage peuvent être consultés en CLIQUANT ICI.

 

Nouvelles connexes